6e / 5e,  Voyage et aventure

Simulation globale L’Île au trésor, les identités pirates.

L’année dernière, après des mois passés à lorgner sur les travaux et les activités de Delphine @tablettesetpirouettes et Audrey @lirevresse-des-mots (les deux collègues chez qui j’avais découvert ce concept), les 5eme et moi avons embarqué dans un projet de simulation globale ! Composer un équipage de flibustiers n’est pas une mince affaire, retour sur cette première une aventure en mer !

 

La simulation globale, qu’est-ce que c’est ?

 

Loin de moi la prétention de définir ici ce dispositif pédagogique riche et complexe, et si les blogs et comptes des collègues précédemment nommées vous permettrons de le découvrir comme moi, je vous renvoie aussi aux ouvrages de Francis Debyser : L’Immeuble, Hachette 1996 et de Francis Yaiche Les simulations globales, mode d’emplois, Hachette. Vous trouverez aussi différents articles en ligne qui vous permettront d’appréhender cette méthodologie, d’ailleurs je vous conseille de ne pas faire l’impasse sur cet apport théorique, indispensable selon moi pour mener sans heurt votre navire ! 

 

 

« Prenez un lieu, de préférence clos : une île, un immeuble, un village, un hôtel, un paquebot, etc. Faites-le investir et décrire par des élèves, qui imagineront en être les habitants… Utilisez ce lieu-thème comme lieu de vie, pour localiser toutes les activités d’expression écrite et orale, toutes les activités de communication, générale ou spécialisée. Vous obtenez ainsi une « simulation globale. »

Francis Yaiche, Les simulations globales, mode d’emplois, Hachette.

 

« Une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d’apprenants (…) de créer un univers de référence, un immeuble, un village, une île, un cirque, de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, qui est à la fois un lieu thème de référence et un univers de discours, est susceptible de requérir. »

Francis Debyser, L’Immeuble, Hachette 1996

 

Dans notre cas, vous l’aurez compris notre étude de L’île au trésor, le célèbre roman de piraterie de Stevenson, nous offrait là un cadre et un scénario parfait : un navire pirate en quête d’un fabuleux trésor ! 

 

 

 

Transformer sa classe en équipage

 

Dans le cadre de la simulation globale, chaque élève incarne donc un personnage. Pour transformer mes élèves en flibustiers, j’ai imaginé des cartes d’identité de pirates que les élèves ont tirées au sort lors de notre première séance. Un nom, un poste au sein de l’équipage et quelques informations biographiques ou révélatrices du caractère du personnage et voici nos 5eme métamorphosés ! 

 

J’ai aussi proposé aux élèves de coller dans leur cahier une fiche Notre équipage, afin que chacun puisse retrouver facilement les nouvelles identités des membres du groupe. Cartes et fiche équipage ont aussi été affichées au fond de la salle et les élèves pouvaient lors des activités ou des séances d’écriture s’y référer. 

 

Cette année, l’IA Canva a apporté sa contribution et j’ai le plaisir de vous proposer au partage ces cartes d’identité (je précise que les textes sont de moi, merci de respecter mon travail). Vous pouvez aussi les utiliser hors du cadre de la simulation globale : jeux de rôles, supports pour sujets d’écriture, saynètes, rédaction d’un portrait physique, moral, d’un dialogue …

 

 

 

Une année test et quelques couacs !

Avant d’aller plus loin, sachez que grâce à cette première expérience j’ai surtout pu mettre au jour tout ce qu’il me faut revoir ou améliorer. La simulation globale est un projet de longue haleine qui met du temps à se construire, et je sais qu’il me faudra plusieurs années pour maîtriser le dispositif et être pleinement satisfaite de ce que je proposerai.

 

Avant de me lancer, j’avais été encouragée et rassurée par ma gestion de classe Harry Potter, notre mode de fonctionnement ayant beaucoup de points communs avec la méthodologie de la simulation globale (univers de référence, lieu de vie, identités, temps forts, activités fédératrices qui favorisent la vie en groupe, responsabilités au sein de la classe …), ma première erreur a donc été de penser qu’il me suffisait de « transposer ». En théorie oui, il suffisait, mais en pratique j’avais un peu oublié que j’ai bien mis … six ans à construire ce projet Harry Potter. 

 

 

Une fois n’est pas coutume, je vais donc dresser ici la liste des choses à revoir cette année, et j’espère qu’elle sera pour vous autant de bons conseils que d’écueils à éviter. 

 

    • Arriver avec un scénario incomplet ou peu solide : Certes ma vidéo de lancement réalisée sous Canvas était splendide et a beaucoup plu aux élèves, mais le fait est qu’à part savoir qu’ils embarquaient sur un navire et cherchaient un trésor, cela n’apportait pas grand chose. La cause ? Un peu prise par le temps, je n’étais moi-même pas allée assez loin, j’avais pensé le début (en route pour l’aventure) mais … pas forcément la fin (le trésor). Cette année, j’affine : notre équipage vit sur le bateau et nos escales seront pour nous l’occasion de collecter des indices qui nous mèneront au trésor (caché dans le collège par le descendant d’un fameux pirate).

    • Mal maîtriser son temps : J’entends par là, n’avoir pas vraiment en tête toutes les étapes de votre scénario et mal maîtriser l’alignement de toutes les composantes de votre simulation globale. Je vous donne un (mauvais) exemple (à ne pas suivre) : j’ai voulu faire coïncider notre étude du livre avec notre simulation, nous devions donc embarquer au coté de Jim en même temps que lui. Choix peu judicieux, puisque la simulation globale était lancée (la super vidéo), mais que dans les faits nous avons mis du temps à nous plonger dans l’étude de notre premier extrait… Nous étions donc finalement un peu cloués à quai et frustrés. Notre embarquement s’est un peu dilué dans le temps au risque de perdre l’émulation dans élèves pourtant acquise dès l’annonce du projet. Cette année, les élèves sont donc déjà en poste sur le navire, ils embarquent et lèvent les voiles le jour où je lance la simulation.

    • Ne miser que sur l’écriture et la lecture : Je crois que je suis allée un peu vite dans ma compréhension du dispositif et j’ai souhaité faire vivre cette simulation par l’écriture et la lecture. Proposer un voyage imaginaire aux élèves essentiellement alimenté par la lecture des extraits du roman, et nourri par nos productions d’écrits, sagement consignés dans un carnet de bord fourni clé en main… Beau sur le papier, mais dans la réalité c’est une stratégie trop lourde où parfois certains élèves se trouvaient en difficulté et qui mettait bêtement de côté les situations de jeu et d’échanges pourtant préconisés. J’avais oublié, accaparée par la création des outils et des jolis supports, tout ce qui fait le sel et le succès de notre projet Harry Potter : les temps forts, les défis, les challenges, les situations de communication qui fédèrent le groupe et renforcent l’illusion donnée par l’univers de référence ! Cette année, j’ai donc pensé un tableau des quarts et des responsabilités qui permettra aux élèves d’incarner physiquement leur rôle au sien même de la classe. J’aurai l’occasion de vous en reparler.

 

    • Penser pouvoir construire ses outils au fur et à mesure : Créer une nouvelle séquence et monter une simulation globale sur l’œuvre étudiée en parallèle … j’aurais dû m’apercevoir que je cumulais les difficultés. Créer une simulation globale, c’est endosser une charge de travail importante, les temps de réflexion et de conception des outils sont conséquents et si j’avais pensé pouvoir créer des supports en cours de route, j’ai vite compris que c’était une chose à éviter. On peut bien sûr, ajouter ça et là une activité, un sujet d’écriture, mais il faut selon moi poser une base solide au préalable et assurer un scénario modeste au début. Le dispositif doit aussi être pour vous gérable et confortable (ne vous noyez pas dans de multiples et fastidieuses corrections en plus de tout le reste).
 

 

    • Vouloir tout faire ! : Embarquer dans un univers de référence est une aventure très riche ! Le risque le plus grand est donc de vous noyer comme moi dans la mer … de l’exhaustivité. Vouloir tout faire, c’est parfois vouloir tout proposer aux élèves au risque de faire trois fois le tour du sujet et de passer trois mois sur votre séquence. Et du côté des pirates, ce ne sont pas les sujets, les idées de rédactions, les livres ou les ressources qui manquent : vie à bord, vocabulaire, trésor, navigation, pirates célèbres, l’équipage, l’âge d’or … il y a tant de sujets à aborder. Voulant tout embrasser, j’avais conçu moi-même les carnets de bord de mes pirates l’an dernier, cette fois-ci les élèves réaliseront eux-même ce support, une façon pour moi d’alléger mon temps de conception et pour eux de s’approprier leur outils. Idem du côté des sujets, je hisse le pavillon du « faire moins pour faire mieux ». Pour le vocabulaire, plus de séance fleuve, mais un dico des pirates dans lequel nous viendrons piocher au quotidien des mots. Pour la vie à bord, nous regarderons tous ensemble comme l’an passé, une vidéo qui posera pour tous et toutes des éléments de base (le recours à la vidéo offre aussi un accès plus facile à ces informations). Mais je regrouperai ensuite les élèves selon leur poste sur le navire (ex : moucheur, canonnier, servant de pièces …) et chaque groupe recevra une fiche documentaire, un petit quiz, un mot croisé, un Je retiens à compléter pour approfondir le sujet qui le concerne directement. Par exemple : chirurgien et infirmière travailleront sur Survivre et se soigner en mer. Je compte ensuite sur les échanges entre pairs, la bibliothèque de classe et la curiosité des élèves pour construire et étoffer ce savoir.

Et des réussites à conserver !

Si je récidive cette année, c’est bien que ce projet aura su trouver son public et que je suis convaincue par la formule ! Et si je garde en tête les choses à améliorer, je n’oublie pas les points forts de notre simulation qui nous ont aussi offert de beaux moments ! Voici ce que je conserve les yeux fermés ! 

 

 

    • L’élection du capitaine : Après la découverte et le partage de nos identités, nous avons démocratiquement élu un capitaine. Comme pour l’élection des délégués de classe, les candidat.e.s ont pu préparer et adresser un discours aux membres de l’équipage. Une fois le vote effectué et notre capitaine désigné, celui-ci a hissé notre pavillon noir, l’élève a littéralement accroché notre drapeau au plafond, sous les applaudissements (en mode pirate) de l’équipage (comprenez, de petits coups de poings donnés sur la table) un moment intense et festif que nous avons adoré et qui a toute suite fédéré le groupe !

    • Le baptême du navire : Ce sont les élèves qui ont choisi le nom de leur navire, nous avons listé les idées et suggestions de chacun puis procédé à un vote. L’an passé, c’est sur Le Royal Poignard que nous avons vogué !

    • Ecrire, chanter et enregistrer notre hymne pirate : Un projet mené avec ma collègue de musique que nous avons aussi présenté lors de la fête du collège ! Le petit bonheur des moussaillons l’an passé ? Chanter, très fort et très faux, les couplets de la chanson à la fin du cours de français !

    • La chasse-partie : Soit les règles de vie qui régissent la vie à bord. Mais cette année, je me garderai bien de tout faire rédiger par les élèves (activité de rédaction la plus chronophage au monde), je poserai des articles indispensables que les élèves viendront seulement compléter.

 

Vous l’aurez compris, cette aventure est loin de prendre fin et cette nouvelle année sera pour moi l’occasion de vous parler davantage de ce projet. J’ai prévu d’autres articles pour partager avec vous la vidéo et les supports déjà évoqués ici, et notre coffre au trésor regorge d’autres surprises ! Alors si vous souhaitez suivre de plus près et presque en temps réel cette folle épopée, embarquez à mes côtés sur Instagram ! Je vous y attends ! A bientôt, Céline. 

 

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