Pax et le petit soldat
Parce qu’il fait partie de ces romans qu’on adopte dès sa couverture. Parce que ce fut une belle rencontre et une émouvante lecture. Parce qu’il est fort et beau tout simplement. Parce que c’est Pax, parce que c’est Peter, laissez-moi vous parler de mon coup de coeur !
Le résumé :
Lorsque son père le contraint d’abandonner Pax dans la forêt au motif que la guerre approche, Peter s’exécute. Il lance dans les buissons le petit soldat de plastique avec lequel son renard apprivoisé aime tant jouer, le laisse s’éloigner et monte en voiture … sans lui. Mais très vite, Peter regrette son geste, sa trahison. Son père parti à la guerre, voilà Peter entre les mains de son grand-père, loin de chez lui. Et décidément, le petit garçon préfère la compagnie des animaux à celle des hommes de la famille. Sa mère lui manque, les souvenirs ne comblent pas l’absence et avoir abandonné Pax lui est insupportable.
La suite, c’est l’évidence. Peter doit retrouver Pax, il doit parcourir les centaines de kilomètres qui les séparent l’un de l’autre et Pax doit l’attendre. Il le faut. N’écoutant que son coeur et son courage, le petit garçon se lance sur les routes et entreprend la longue marche qui doit lui ramener son ami. Un périple long et difficile, semé d’embuches. Et Pax lui, fait preuve d’une fidélité poignante, patiente … mais bien vite le petit renard apprivoisé comprend que loin de Peter, perdu dans un environnement sauvage, seul au milieu des autres animaux, il lui faudra à lui aussi, lutter pour sa suivie …
Mon avis :
Une merveille ! Pax et le petit soldat est un roman magnifique ! Simple, beau, fort, intense. Un roman d’amitié et d’amour avec la guerre en arrière-plan. La mort menace, les troupes avancent, les explosions grondent et l’horreur dessine une obscure et triste de toile de fond. C’est un ciel gris et nuageux, une chape, un couvercle pesant qui menace et rend la réussite de Peter impérative. Aux yeux du garçon comme à ceux du lecteur, sa quête doit aboutir ! Et parce que le petit garçon décide de faire abstraction du drame et de l’horreur qui se joue dans le monde qui les entoure, j’ai eu la sensation que leur amitié passait au premier plan et prenait toute la place. Peter ne se soucie que de retrouver Pax. Tout ne se résume qu’à ce lien indéfectible et sacré entre l’enfant et l’animal. Oui, le conflit qui menace accentue pour nous l’urgence de la situation, oui la guerre rôde autour de leur histoire. Mais ce que j’ai aimé c’est que je n’ai jamais eu la sensation d’être dans un roman de guerre à proprement parler. Davantage que les champs de mines ou autres actes de sabotages, ce qui explose avant tout aux yeux du lecteur, c’est la force du lien qui unit Pax et Peter.
Ce que j’ai aussi particulièrement apprécié dans ce roman, c’est tout le talent de Sara Pennypacker qui parvient à donner à son histoire une intemporalité et une universalité bouleversante. Pas de date, pas de pays, ce conflit semble être un parmi d’autres. Cette absence de contexte historique et de références topographiques précises lui confère ainsi une universalité déconcertante. C’est avant tout une histoire d’amitié, belle, profonde, intemporelle. C’est aussi un formidable message d’espoir, un récit plein d’humanité. Seul dans un monde qui court à sa destruction, Peter s’accroche et tend vers ce qui lui est de plus cher.
Et force est de constater que ces deux-là ne manquent pas de courage et d’obstination. Car garçon et renard feront tous les deux le difficile apprentissage de la vie. Pax et Peter grandissent, murissent, surmontent en parallèle des aventures à taille humaine, des épreuves douloureuses, mais formatrices. Le roman met ainsi en jeu de vraies valeurs : courage, héroïsme, détermination, entraide ne sont pas à chercher du côté des soldats. C’est au côté de personnages tels que Peter, Pax, Avorton, Hérissé et Gloria (belle âme qui s’ignore) que vous les trouverez.
Sara Pennypacker adopte également une narration des plus efficace pour retranscrire les paroles, échanges et émotions de Pax. Sans pour autant faire parler les animaux, l’auteure réussit à nous en restituer les pensées et offre ainsi à ceux qui sont des personnages à part entière une humanité bouleversante. Pour autant, Pax et ses comparses conservent leur dimension animale et c’est là aussi tout le talent de Sara Pennypacker qui parvient à humaniser des animaux avec mesure et justesse. Dans un habile système de chapitres par alternance, l’auteure réussit également à rapprocher les aventures de Pax de celles de Peter. Au fil des pages les unes et les autres se font alors habillement écho.
Bien sûr, je pourrais encore vous parler pendant des heures de la puissance des illustrations de Jon Klassen, de la richesse du récit, de la force des sentiments qui s’en dégage, des épreuves et embûches qui émaillent le texte et mettent à mal les retrouvailles de nos deux héros et serre le coeur du lecteur. De la personnalité d’Avorton et d’Hérissé, duo de renards d’une poignante humanité ou de Gloria femme sauvage qui vit recluse au fond des bois. Ou encore de toute la symbolique et la force de ce simple soldat de plastique, trait d’union entre le monde de l’enfance et le monde des hommes. À la fois jouet, compagnon favori des jeux de Pax et Peter, symbole de la guerre et objet par lequel se fera l’abandon. Un petit soldat qui forcera l’un et l’autre à grandir …
Mais, le plus simple, c’est encore de vous laisser lire et relire la belle histoire de Pax et de Peter. Céline.