6e / 5e

Dialogue à écrire et à jouer

« On va le jouer après Madame ? », ça commence souvent comme ça. Par une innocente question. Un « oui pourquoi pas » en guise de réponse et vous voilà avec un doigt dans l’engrenage du projet improvisé. Spontané, imprévu, il bouscule votre calendrier, remise les points de langue amorcés et vous embarque dans toute autre chose. Et suivre leurs envies, écouter son intuition … ça a souvent du bon ! Retour sur une rédaction devenue projet théâtre.

 

Acte 1. Au commencement, il y avait le dialogue.

Dans le cadre de notre séquence et de notre simulation globale sur les pirates en 5eme, nous avons travaillé le dialogue et ses codes. Mes deux groupes étant cette année plutôt performants, nous avons travaillé le discours direct et indirect simultanément (selon le niveau des élèves j’introduis les notions grâce à ma carte mentale sur le discours, mais habituellement je reprends ensuite séparément dans l’année ces deux points). 


En guise de leçon, j’ai donc proposé la carte mentale, puis enchaîné tout au long de la séquence des exercices variés : lecture, repérage des signes du dialogue et de sa mise en page spécifique (guillemets, tirets, double points, retours à la ligne, mise en forme d’un texte sous forme de dialogue, exercices d’écriture, exercices de transformation. 

Une entrée en matière traditionnelle, vous en conviendrez, à l’image d’ailleurs de la tâche finale que j’avais dès les début envisagée : faire rédiger à mes moussaillons un dialogue mettant en scène l’univers de la piraterie. Jusque ici rien d’extravagant.


 

Acte 2. En amont : parler-pirate et vocabulaire.

Évidemment qui dit dialogue, dit forcément pour moi maîtrise du vocabulaire spécifique lié à la séquence, à savoir ici : le vocabulaire de la navigation et le parler-pirate. En filigrane de cette rédaction devenue projet-théâtre se joue donc aussi de nombreuses activités de vocabulaire (exercices traditionnels, mots-croisés, livret …) que je prendrai soin de détailler plus tard, mais j’insiste déjà sur le fait que pour moi, l’un ne va pas sans l’autre et que pour savoir quoi dire, il faut savoir comment écrire et réciproquement.


J’ai donc proposé à mes jeunes forbans un petit livret sur le parler-pirate regroupant expressions, jurons et vocabulaire spécifique. Un document qui leur a plu et qu’ils ont pu utiliser pour rédiger leur dialogue.   


Acte 3. Ancrer les notions avec des jeux et des manipulations.

 

Pour varier les plaisirs et les formes d’apprentissage, j’ai aussi conçu un jeu pour réviser le discours direct et indirect, en fin de séquence je l’ai proposé à mes deux classes avant leur évaluation sommative et cela a très bien fonctionné. J’ai aussi proposé une activité-puzzle où les élèves devaient recomposer un dialogue en prenant appui sur tous les éléments de repérage préalablement travaillés.


Vous l’aurez compris, nous avons travaillé les choses en profondeur et en prenant notre temps (j’ai réduit mes objectifs de langue sur cette séquence au dialogue et à la description travaillée plus tôt, redisons ici et cela fera du bien, qu’on ne peut pas tout faire et que cela demande du temps.) Si notre travail sur la discours direct a donné naissance à un projet théâtre, le discours indirect lui a été évalué de manière beaucoup plus classique.


 

Acte 4. La première phase d’écriture 

En fin de parcours, j’ai souhaité évaluer tout le travail accompli et j’ai proposé aux élèves d’écrire des dialogues mettant en scène des tranches de la vie de notre équipage pirates. J’ai conçu quatre petits exercices d’écriture, les élèves ont constitué des groupes et chacun a pu œuvrer en autonomie. Les consignes se voulaient réduites et le plus explicites possibles. Lors de nos sessions d’écriture je suis simplement passée dans les groupes, pour écouter, relire, corriger, aiguiller. J’ai particulièrement apprécié ces phases de rédaction et surtout adoré lors des premières lectures, écouter les yeux fermés leurs textes prendre forme. Nous avons mis une petite semaine pour boucler et parfaire nos textes. 


 

 

Acte 5. Transformer un dialogue en texte théâtral. 

 

Une fois le discours direct maîtrisé et ce premier dialogue posé, j’ai introduit les caractéristiques du texte théâtral. Je suis en fait partie d’une situation de classe : au début beaucoup d’élèves plaçaient les noms des personnages en marge des paroles, une confusion classique entre le texte de théâtre et la dialogue que je rencontre chaque année. Mis en parallèle, nous avons travaillé sur les différences entre deux textes et rapidement les élèves ont compris que les phrases narratives et propositions incises de leur propre dialogue offraient là de superbes didascalies. Ils n’ont alors eu qu’a transposer ces phrases en didascalies, l’occasion de revenir rapidement sur le groupe nominal, la phrase averbale et le participe présent. 


Ensuite, le travail de mise en forme du texte théâtral s’est avéré très simple. Les élèves avaient compris en fin de séance à distinguer les deux écrits grâce à leurs éléments constitutifs. Surtout à ne plus intégrer des éléments du texte de théâtre, lorsque la consigne demande d’écrire un simple dialogue et du discours direct. Enfin, cela nous a offert aussi un levier méthodologique intéressant, car les élèves ont maintenant la possibilité d’en passer d’abord par un dialogue au brouillon, pour ensuite transformer ce premier jet en texte de théâtre. Cela permet aux plus en difficulté de progresser par étape, les plus à l’aise pouvant eux directement entrer dans la rédaction du texte théâtral. 


 

Acte 6. Cohésion, enthousiasme.

Bien sûr qui dit texte de théâtre dit dialogue à lire et à jouer. Très vite les élèves avaient posé la question « On va le jouer madame ? » et je m’y étais préparée. Mon idée était effectivement d’évaluer ce travail en proposant aux élèves de choisir parmi ces deux exercices : 

  • une lecture expressive enregistrée, une sorte de mise en voix théâtralisée avec musique, bruitages
  • ou une saynète (avec la possibilité de jouer en costume, avec des accessoires…) 

Si au départ ils étaient nombreux à choisir d’entrée la lecture enregistrée, très vite je me suis moi aussi prise au jeu, lors des écoutes de leur texte naissant, aucun doute, il y avait déjà du ton, de l’émotion … du jeu ! En leur confiant l’entière rédaction des textes, j’en ai rapidement vu depuis mon post d’observation tout le potentiel en termes de mise en scène. Ensuite, leurs idées d’accessoires, les « et pis on pourrait faire comme ça », « moi j’ai un cache-oeil chez moi » ont nourri leur envie de se transformer en vrais pirates. La maîtrise complète de leur sujet a beaucoup aidé aussi à ce que chaque groupe opte finalement et de bon cœur pour la saynète. (Youpi !) 


Au fil de nos répétitions, le plaisir de la scène a fait le reste ! Mes dramaturges en herbe se sont mués en aspirants comédiens ! Comment cela a débouché sur trois semaines de projet théâtre, 8 saynètes, 4kg d’accessoires et deux représentations devant un parterre conquis ? Ça c’est une autre histoire et il me faudra un deuxième article pour vous la raconter ici, promis ! 


Si déjà vous souhaitez mener ce travail d’écriture autour du dialogue et éventuellement du texte théâtral, voici déjà les quatre sujets de rédaction. Les nombreux exercices, le jeu, le livret pirate … évoqués dans cet article seront également proposés au partage et d’autres articles sont en préparation, restez sur le pont ! 😉 A bientôt. Céline. 

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